Tournoi inter-Universitaire des Arts Martiaux d'Orsay
``T.i.U.A.M.O.''


Introduction et Motivation du Projet

Partons du double constat que (1) les ``Arts Martiaux'' en général connaissent en ce début de 21ème siècle un succès grandissant auprès des sportifs en général (développement de nouveaux arts modernes et redécouverte d'arts traditionnels peu répandus, flambées éditoriales sur internet et dans la presse écrite spécialisée, floraison de clubs et de fédérations nationales, développement de branches propres dans les formations diplomantes, augmentation du nombre de pratiquants tous arts confondus à tous les âges et tous les niveaux sociaux ...) et (2) parallèlement les compétitions universitaires en arts martiaux tendent à s'apauvrirent, bien que les pratiques sportives universitaires suivent la tendance évoquée en (1).

Une explication possible est peut être la difficulté actuelle de ne serait-ce que maintenir des compétitions universitaires alors que l'environnement universitaire ne s'y prêtait plus de façon satisfaisante depuis quelques années (emplois du temps instables et peu coordonnées entre les divers UE, ne favorisant pas le respect de la tradition du "jeudi après-midi FFSU", tendances consommatrices privilégiant l'éparpillement loisir plutôt que l'investissement dans une pratique régulière, manque de personnels d'encadrement et d'accompagnement des compétiteurs, etc.). Mais l'apauvrissement des compétitions semble davantage marqué dans les arts martiaux que les autres disciplines, et cet argument ne suffit probablement pas.

Un autre élément provient d'une spécificité propre aux arts martiaux : l'esprit même dans lequel se déroule les compétitions actuelles en général, pas seulement à l'université (recherche du "plus fort", ambitions sportives voire monétaires qui mettent en avant l'égo des compétiteurs et les luttes politiques entre clubs et fédérations) est violemment critiqué par certains puristes qui estiment que l'on s'éloigne trop de l'esprit martial traditionnel, dénaturé par les "règles" de compétition et critères de classement qui ne permettent plus aux pratiquants d'exprimer leur art de façon "martiale". Règles qui malgré tout n'empêchent pas forcément de recevoir de "mauvais coups" dans certaines disciplines. La sous-catégorie des pratiquants universitaires (étudiants comme personnels d'ailleurs) pourrait donc être (cela reste intuitif pour l'instant ...) majoritairement composée d'invidus considérant en effet qu'il n'est pas intéressant de prendre ces risques en compétitions et que le seul travail en salle suffit. Un exemple "frappant" est celui de la Boxe Française, qui, au moins dans les compétitions universitaires, tend à ne plus s'orienter que vers les assauts (de gentlemen) abandonnant progressivement la dimension du combat (et donc toutes les notions qui lui sont propres : tactique, stratégie, endurance, sang-froid, etc.).

De même, pour les compétitions "techniques" (exécution d'enchainements codifiés devant jury), la diversités (voire la dilution) des pratiques rend la comparaison entre pratiquants très difficile, d'où une ségrégation en sous-catégories, mais qui se fait au détriment du dynamisme des disciplines qui se retrouvent cloisonnées.

Cependant, l'absence de confrontation entre pratiquants d'arts martiaux est lui aussi un manquement à la tradition et à l'esprit martial. Evidemment que chaque pratiquant espère ne jamais avoir à se servir dans la réalité des techniques pourtant apprises avec tant de volonté, et d'abnégation parfois, dans les salles. Mais si un jour cela devait arriver, serait-il prêt ? Le seul travail en salle suffit-il ? On peut ajouter à cela aussi, l'enthousiasme sans faille des universitaires pour tout événement de type social et culturel (voire festif).

Ce qui amène à envisager une nouvelle approche des compétitions en arts martiaux, que nous proposons d'expérimenter exclusivement (pour le moment) sur le terrain universitaire.

L'objectif serait ici, non la recherche d'un "vainqueur" (plus "fort" que les autres ?) mais plutôt d'une rencontre où chacun pourrait apprendre des autres.

En outre, et afin de permettre à chacun de s'exprimer dans son art, dans sa technique personnelle, avec ses forces et ses faiblesses, il s'agirait d'une formule "open" (tous arts confondus) où il n'y aurait aucun règlement, ni catégorie d'âge ou de poids, seulement un arbitrage superficiel afin d'assurer la sécurité des protagonistes sur l'aire de pratique. Cette diversité réunie permettrait à chacun de sortir du cadre "protégé" voire limité de sa salle habituelle, de ses partenaires habituels, des règlements sportifs arbitraires, et d'être confronté à une autre "réalité", face à un partenaire plus grand ou plus petit, plus vif ou au contraire plus résistant, cherchant plutôt le corps à corps ou plutôt la frappe (et peut être dans de futures formules à expérimenter, pourquoi pas armé et/ou surnuméraire ???!!!... cf. les diverses épreuves de combat du Pancrace Athlima ou le ludoescrime).

Une ébauche de cette formule a déjà été testée avec succès à une toute petite échelle lors des deux dernières éditions du GAMESCO où des pratiquants d'arts très différents se sont rencontrés de façon totalement libre mais très souple, dans le respect à la fois de leur art mais aussi du partenaire (voir cette vidéo pour exemple).

Ce projet s'inscrit aussi dans une volonté de relancer les "tournois universitaires" (TUIJO, TUIVO, TIBBO, TIBAD ...) qui ont fait l'âge d'or des associations sportives du campus d'Orsay dans les années 80-90. Il serait du même coup une réponse à la demande d'événement socio-culturel dans le milieu sportif universitaire en général, et des arts martiaux en particulier, ainsi qu'une tentative de retour à l'esprit sportif classique (cf. Pierre de Coubertin) et de le réconcilier avec l'esprit martial traditionnel (cf. Roland Habersetzer).

A l'instar des grands maîtres d'arts martiaux asiatiques de la période classique, qui souvent sollicitaient de devenir l'élève de celui qui les avait "vaincu", la démarche attendue ici de tous les compétiteurs serait donc finalement celle de tout pratiquant sérieux, désireux de cheminer le long de la "Voie", alliant courage et prudence, détermination et modération, intelligence et curiosité, charisme et courtoisie, sagesse (de celui qui enseigne) et humilité (de celui qui apprend toute sa vie), pas très éloignée d'ailleurs de la démarche d'un universitaire alliant enseignement et recherche académique.

Tous ces éléments seront repris et exposés lors d'une conférence grand public, incluse dans la programmation de la journée de gala, en ouverture de cette compétition.

Concrètement ...

L'idée serait donc ici de réunir une dizaine de compétiteurs pour une épreuve "combat" et un autre groupe équivalent pour une épreuve distincte "technique".

Aucune règle, aucune condition de victoire, aucune catégorie, seulement un arbitrage (sécurité) et une limite de temps (logistique).

Afin de conserver un enjeu cependant, l'idée serait qu'une "(s)élection" soit faite par les pratiquants eux-mêmes (les 2 protagonistes mais aussi tous les autres ayant assisté en spectateur en attendant leur tour), qui désigneraient à l'issue de chaque rencontre, non pas celui qui a "vaincu" (notion qui ne ferait que satisfaire l'ego), mais plutôt celui qui les a le plus "convaincu", qui leur a le plus appris, qu'il s'agisse d'une ceinture noire particulièrement douée, ou d'un novice particulièrement déterminé ... Personne n'aura à se justifier, et donc personne ne recevra d'enseignement explicite. L'objectif est ici de pousser chaque compétiteur à s'auto-questionner sur sa pratique martiale (pourquoi a-t-on ou non voté pour moi ?) et à trouver lui-même et en lui-même les réponses, à tirer partie de chaque expérience, à prendre conscience de l'autre et respecter chacun pour ce qu'il est. Un jugement purement subjectif, certes, mais pas arbitraire. Pas très éloigné du "j'aime ou j'aime pas", mais l'apprentissage de l'acceptation du ressenti de l'autre fait aussi partie du patrimoine martial (le sang-froid, à la base de la diplomatie : "vaincre sans le sabre") ...

Et à l'issue de ces sélections, la seule récompense serait pour les finalistes de pouvoir participer au gala de soirée, et pour tous l'expérience humaine qu'ils auront partagés.

Il est même envisagé que le finaliste sélectionné à l'issue de la dernière rencontre soit invité à écrire, dans les semaines suivantes, un bref mémoire (2 pages A4 typiquement, qui pourraient être publiées sur ce site) relatant son vécu de cette expérience, et ce qu'il en aura "appris" lui-même, alors que tous les autres l'auront pourtant désigné comme celui qui aura le plus "enseigné". Un "vainqueur" qui aurait donc plus à "perdre" (donner) qu'à "gagner" (recevoir) !...


15h00 - 16h00 : accueil et habillage

Une heure est prévue pour l'accueil et la préparation des participants. Ce sera notamment l'occasion de vérifier les licences sportives, le matériel de protection, etc.

A l'instar du règlement technique, les tenues des pratiquants seront libres (sous réserve du respect des règles élémentaires d'hygiène et de pudeur, en vigueur dans notre société moderne et bien-pensante !...). Il sera demandé aux compétiteurs de l'épreuve "combat" de se munir des protections classiques minimales (coquille et protège-dents), ainsi que de gants (éventuellement à doigts libres) et de couvres-pieds ; les casques légers (type taekwondo) et protèges-tibias seront autorisés ; les plastrons seront interdits.


16h00 - 16h10 : briefing d'ouverture

Rappel des consignes et du déroulement des épreuves.


16h10 - 18h10 : 12 rencontres de brassage

18h10 - 18h50 : 4 rencontres de sélection

2 épreuves ont lieu simultanément et parallèlement (sur 2 pratiquables différents) : 1 épreuve "combat" (relativement trivial) et 1 épreuve "technique" (la "rencontre" a ici un sens particulier, voir plus bas).

Pour chaque épreuve, 8 compétiteurs sont partagés en 2 poules : 6 rencontres dans chaque poule afin de brasser tous les binômes, soit 12 rencontres en tout.

Les 2 "sélectionnés" dans chaque poule rencontrent chacun les 2 autres de l'autre poule, soit 4 rencontres en tout.

A nouveau, les 2 "sélectionnés" finalistes se rencontrent lors du gala des arts martiaux en soirée.

Chaque rencontre dure 3 minutes. Un total de 10 minutes avec les "overheads" (incluant les votes) est considéré pour chaque rencontre (soit 2h pour les brassages des 2 poules, qui ne sont pas simultanés mais plutôt dans l'idéal alternés, et 40 minutes pour les sélections).

Le système de vote devra techniquement permettre un vote immédiat et sans délibération de la part de chaque votant. Le vote est binaire : il consiste à choisir l'un ou l'autre protagoniste, sans avoir à se justifier ni à détailler ni à nuancer son choix.

Chaque protagoniste reçoit donc une note sur "8" (1 point par vote en sa faveur). Les 2 compétiteurs ayant les plus grands totaux sur "24" à l'issue de chaque poule de brassage sont sélectionnés pour la suite. Les 2 finalistes ayant les grands totaux sur "16" sont sélectionnés pour la finale. En cas d'égalité, l'arbitre les départage.

Il sera donc demandé à tous les compétiteurs de rester sur l'aire de compétition pendant toute la durée de l'épreuve. La concentration requise pendant ces 3h de compétition ne devra donc pas être sous-estimée. Les 10 minutes prévues pour chaque rencontre permettent à chaque fois une durée minimale d'échauffement avant la rencontre proprement dite de 3 minutes.

Arbitrage : deux formules sont possibles.

Inscriptions :

Notion de "rencontre" lors de l'épreuve "technique" : plusieurs formules sont ici aussi possibles.


18h50 - 19h00 : debriefing de clôture

Remerciements et résultats. Distribution des questionnaires d'évaluation (à faire remplir par les participants qui donneront leur avis sur l'événement, car les organisateurs partagent le même soucis d'apprentissage que les compétiteurs ...).